Format : 14,5x20,5 Reliure : Broché Nombre de pages : 150 Année de parution : 2009 Référence : 894 I.S.B.N. : 9782854288940 Langue :
Français
Une cause minime suffit parfois à déchaîner des forces disproportionnées : ce matin là, à l'instant précis où un index, peut-être légèrement imprudent, enfonça le bouton rouge destiné à cet usage, une troupe impétueuse de charges électriques se rua dans le cuivre des bobinages. Un champ magnétique puissant en jaillit, pôle nord vit pôle sud qui le reconnut : coup de foudre, ils s'aimèrent d'un amour irrésistible et s'unirent aussitôt. L'hélice en fut ébranlée et se lança dans un arc brusque. Pistons, soupapes, bielles, pignons, cames, poussoirs et courroies s'agitèrent de mouvements saccadés : fumées, tumulte et pétarade mirent fin à la paix matinale.
Par contraste avec la rusticité brutale du moteur, le capot aristocratiquement ajusté luisait doucement au soleil et la courbe du bord d'attaque de l'aile évoquait un cimeterre oriental. Dans le cockpit, Martial Rataboul se coiffait de ses écouteurs tout en vérifiant que les aiguilles qui devaient bouger bougeaient, et que manettes et boutons étaient bien dans la position requise.
Un certain nombre d'années auparavant, quand il vint à Angélique Rataboul (née Esmes) un enfant de sexe masculin, son époux, Raoul Rataboul, déclara qu'un garçon né avec un patronyme qui sonne comme un roulement de tambour ne pouvait se prénommer que Martial. La jeune mère ne trouva, semble-t-il, rien à redire à cela, soit qu'elle approuvât son mari en toutes choses, soit que la suggestion l'eût laissée sans voix.
Toujours est-il que, malgré cette arrivée en fanfare, la biographie de Martial Rataboul n'offre pas un intérêt qui mérite que l'on s'y attarde, aussi ne le ferons-nous pas. Toutefois, la personnalité la plus lisse, l'existence en apparence la plus plate, recèle souvent des recoins complexes, des vices inattendus : cela peut aller d'une maîtresse soigneusement dissimulée à un goût immodéré, jusqu'à en être fatal, pour la crème brûlée, en passant par une variété de perversions dont nous ne tenterons pas de faire ici l'énumération tant l'imagination de nos congénères en ce domaine donne le vertige de l'infini. Martial Rataboul, lui aussi, est la proie d'un vice particulièrement redoutable car on n'en réchappe pas : l'aviation légère.
Avant-propos – Éloge de la toponymie bas-quercynoise
Chapitre I – de motu Chapitre II – La composition des mouvements Chapitre III – Le vol balistique Chapitre IV – Une visite impromptue Chapitre V – La pression Chapitre VI – La PTU de Jeannot Jamblusse Chapitre VII – L’énergie Chapitre VIII – Une nouvelle recrue s’initie à Bernoulli Chapitre IX – La mort d’un pilote Chapitre X – La portance d’une aile : premiers pas Chapitre XI – L’écoulement turbulent Chapitre XII – Portance (deuxième) Chapitre XIII – Le pot de Pénélope Chapitre XIV – La couleur des nuages Chapitre XV – La nav de Pénélope Chapitre XVI – L’effet gyroscopique Chapitre XVII – Le barbecue du club Chapitre XVIII – Non-conclusion